Si cette sportive n’est pas un exemple de persévérance, alors peu d’entre elles le sont : laissez-moi vous présenter l’un des plus beaux palmarès du tennis de table féminin, j’ai nommé Thu Kamkasomphou.
Thu Kamkasomphou nait en 1968 au Laos. Elle arrive en France à l’âge de douze ans et commence le tennis de table la même année. Elle qui voulait au départ se diriger vers le football devient rapidement accro à ce sport. Très vite, elle excelle dans cette discipline et intègre le pôle régional de Rennes avant d’entrer au Centre de Haut-Niveau de Caen. Sa carrière est lancée : elle occupe la huitième place en catégorie junior sur le championnat français, en première division. Cependant, ses rêves s’écroulent quand elle se fait diagnostiquer a à peine dix-huit ans de la périartérite

noueuse. Cette maladie inflammatoire entraîne notamment des douleurs musculaires et articulaires se développant sur des semaines ou des mois. Les portes du centre de Caen se ferment alors pour elle et elle se voit obligée d’abandonner la compétition chez les personnes valides, ce qui inclut aussi l’équipe de France et surtout les Jeux Olympiques.

Malgré tout à jouer, elle continue de jouer. Il est très difficile pour elle d’accepter sa maladie et elle la cache autant qu’il est possible de le faire. Par exemple, elle évite d’en parler à son travail de peur d’être jugée, rappelons que le traitement et le regard sur le handicap n’étaient alors pas du tout les mêmes qu’aujourd’hui. Thu Kamkasomphou a confié au magazine Sans Filtres qu’elle a mis plus de dix ans à accepter sa maladie.
L’opportunité qui va changer de nouveau le cours de sa vie survient en 1999, lorsqu’on lui propose de passer les qualifications pour participer aux Jeux Paralympiques. Elle ne sait alors même pas ce qu’est le para-tennis de table mais il ne lui faut qu’une seule nuit pour se décider : elle va tenter sa chance !
Elle se qualifie et intègre l’équipe française de handisport juste avant les Jeux Paralympiques de Sydney. Ces Jeux sont un succès pour elle puisqu’elle y remporte le titre Paralympique. S’ensuit le début d’une carrière couronnée de victoires. En 2001 elle remporte les championnats d’Europe et de France, l’année suivante elle renouvelle son titre français et termine troisième sur le podium des championnats du monde et en 2003 elle réitère ses exploits de 2001. Elle obtient son titre de championne du monde en 2010 mais ne s’arrête pas là et poursuit les compétitions. Quand on l’interroge à propos de sa plus belle médaille, elle répond :

"Ma plus belle médaille, c’est la prochaine, celle pour laquelle il va encore falloir travailler dur."
En tout, elle a en poche seize titres de championne de France, sept médailles aux Jeux Paralympiques, dont deux d’or, et six titres mondiaux. Son dernier titre en date est celui de championne de France en simple et en double mixte qu’elle a remporté cette année (2024). A ce jour, elle intervient dans des écoles et des entreprises pour parler du handicap et du regard des autres et elle n’a pas du tout l’intention de prendre sa retraite sportive. Elle affirme :
"Tant que mon corps me le permettra et que l’envie sera là, je continuerai".
Thu envisage les Jeux Paralympiques de Los Angeles de 2028, où elle pourrait fêter ses soixante ans