Paola Fantato est une de ses athlètes qui, en plus de performer, permet à tous de rêver de pouvoir réaliser l’impossible. Elle laisse à ses successeurs un immense héritage : la frontière entre sport olympique et paralympique n’est pas si infranchissable.

Paola Fantato est une archère italienne née le 13 septembre 1959. Oui, c’est bien une archère, et non une para-archère, bien qu’elle ait été médaillée à huit reprises aux Jeux paralympiques, dont cinq breloques d’or. Son handicap, elle le doit à une poliomyélite qui l’a forcé à se déplacer en fauteuil roulant dans les rues de Zevio, sa ville natale, dès ses jeunes années. Mais, face à cela, ses parents ont tout fait pour lui faire sentir qu’elle était comme tout le monde, que son handicap ne faisait pas d’elle quelqu’un d’anormal. Pour Paola, c’est l’attitude de sa famille envers elle qui lui a permis d’autant s’accomplir. Et les personnes qui la moquaient pour son handicap l’ont aidé, toujours selon elle, a façonné son caractère : sûre d’elle et déterminée. C’est à l’âge adulte qu’elle commence à pratiquer le tir à l’arc en compétition, en ayant
rencontré cette discipline par hasard, “comme cela arrive souvent avec l’amour de votre vie” dit-elle par rapport à ce qui va devenir son sport de cœur. Au départ, c’était surtout pour apprendre à se forger une carapace mentale, à résister à la tension et à la panique, et à contrôler son corps à la perfection. Mais très vite, c’est devenu bien plus. Notamment de par le fait que Paola affrontait ainsi, à l’entraînement, des valides. Elle participe à ses premiers paralympiques en 1988, à 29 ans, pour la première année où l’Italie qualifiait une
équipe dans la discipline. Une compétition qui débute par une cinquième place pour l’équipe d’Italie, mais par une médaille de bronze en individuelle pour Paola Fantato. C’est le début d’une moisson pour l’Italienne, qui remportera une médaille d’or en individuel ou en par équipe à chaque édition de 1992 à 2004, avec le doublé par équipe et individuel en 2000 à Sydney.

Paola Fantato est donc une championne paralympique accomplie, mais également une athlète olympique. En effet, Fantato a participé aux Jeux Olympiques d’été d’Atlanta en 1996. D’abord au sein de l’équipe italienne, finissant à la 9e place de l’épreuve par équipes. Puis en individuel, terminant à la 54e place. Le plus impressionnant avec cette performance résidant peut-être dans le fait qu’elle ait, la même année au même endroit, remporté la médaille d’or par équipes et la médaille de bronze sur l’épreuve individuelle. Le tir à l’arc est une des rares disciplines olympiques à permettre une telle opportunité pour les athlètes paralympiques. Avant Paola, une archère néozélandaise, Neroli Fairhall, avait déjà réussi une

telle performance, sans toutefois le même palmarès que l’Italienne. Paola Fantato raconte ensuite sur cette expérience :
“Quand j’étais devant la cible, il n’y avait plus de handicap”.
Son parcours ne l’a pas seulement amenée sur les stands de tir. Travaillant chez Volkswagen de 1978 à sa retraite en 2010 pour vivre, elle a beaucoup
contribué au sport paralympique italien à côté. Prenant sa retraite internationale pour se consacrer à sa famille, elle ne quitte pas totalement le monde du sport en étant élue dès 2001 au Conseil National du Comité Paralympique Italien (CIP).
Tout cela fait d’elle une “légende”, sans en galvauder une once de sens. Ses performances ont aussi bien fait rayonner le handisport que le sport italien dans sa globalité, si bien qu’elle a été récompensée en 2015 par l’apposition de son nom sur une des tuiles du Walk of Fame du sport italien, inauguré dans le parc olympique du Firi Italico à Rome. Elle figure parmi les 100 premiers noms. Elle a également reçu des mains du président Ciampi l’Ordre de Commandeur de la République italienne. Paola Fantato a réussi une véritable performance qui l’a fait entrer dans l’histoire du sport, et dans la mémoire de tous, au-delà de la simple distinction entre olympique et paralympique. Un exemple pour tous les jeunes, handicapés ou non.