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Mira rai

1988 à aujourd'hui - Ecrit par Sarah Chesneau

Son parcours est étroitement lié à la lutte pour l’indépendance des femmes et à de quoi en impressionner plus d’un. Si vous ne connaissez pas Mira Rai, c’est le moment de découvrir son histoire.  

Mira Rai en pleine course

Mira Rai naît en 1988 au Népal, dans les contreforts de l’Himalaya. Habituée à parcourir de longues distances avec des sacs de riz de 28 kg et de l’eau sur le dos, elle marchait déjà des kilomètres et des kilomètres dès très jeune. A l'âge de douze ans, elle arrête l’école car cela coûtait trop cher à ses parents. Elle peut ainsi les aider dans les tâches ménagères. Trois ans plus tard, elle rejoint les insurgés maoïstes du Parti communiste en tant qu’enfant soldat pour pouvoir aider sa famille. Ce geste lui permet aussi d’échapper aux traditions népalaises, qui obligent les femmes à se marier et à fonder une famille. Bien qu’elle fut engagée par l’armée, elle n’a jamais connu les combats mais 

profite de l’entraînement militaire pour améliorer sa condition physique.  C’est lors de sa formation avec les insurgés qu’elle découvre sa passion pour la course. Mira explique qu’elle a pu "développer ma passion pour le sport et m'entraîner pour le saut en hauteur, le saut en longueur, ainsi que la course". L’année 2006 marque la fin de ses aventures avec les maoïstes puisque la paix est signée entre les deux armées. N’étant pas majeur, elle ne peut pas s’engager dans l’armée et décide de rentrer chez elle. Cependant, elle est très vite rattrapée par le sexisme ambiant qui règne au Népal.

C’est dans ce contexte que huit ans plus tard, elle s’envole pour Katmandou, la capitale, bien décidée à vivre librement. La-bas, elle poursuit son entraînement à la course et au karaté. Une opportunité se présente ensuite à elle : repérée par un groupe de soldats alors qu’elle courait dans un parc, elle est invitée à participer à un ultra-marathon de 50 kilomètres. Malgré son désavantage flagrant, chaussures de mauvaise qualité et manque d’eau et de nourriture, elle court du mieux qu’elle peut. Ses efforts sont récompensés lorsqu’elle termine première et remporte la course ! 

Mira Rai montant une montagne en courant

Cet événement lui ouvre de nombreuses portes, à commencer par la promesse d’un entraînement de bien meilleure qualité. En effet, l’organisateur de l'événement, Richard Bull , lui propose de l’entraîner. Par la suite, Mira se rend en Italie pour courir lors du trail de 57 kilomètres de la Sella Ronda , qu’elle remporte. C’est le début d’une série de victoires et podiums : elle gagne les 83 km de l’Ultra Trail Degli Eroi et se place troisième lors du Buffalo Stampede en Australie. Seulement dix mois après sa première course, elle se lance dans l’ultra-trail du mont Blanc. Avec ses 80 kilomètres de distance et ses six mille mètres de dénivelés, cette course a de quoi en effrayer plus d’un mais cela n’arrête pas Mira. Après 

Mira Rai avec son sac à dos

douze heures et trente trois minutes de course, elle franchit la ligne d’arrivée en tête. Mira Rai brandit fièrement le drapeau népalais et il y a de quoi  car sa plus proche concurrente est  22 minutes derrière elle. Ce geste est très important pour elle : 

 "À l’époque, j'ai permis à mon pays d’être à nouveau fier."

Malheureusement, elle se blesse au genou un an plus tard, en 2016, ce qui l’oblige à prendre une 

pause dans sa carrière. Cependant, Mira profite de cette période de convalescence pour promouvoir le parcours de trail à travers le Népal et pour former d'autres jeunes athlètes prometteurs venant de régions rurales. Elle organise également des courses de trail, notamment à Katmandou et à Bhojpur, toujours dans le but de mettre en avant le sport chez les jeunes népalais. Elle reprend et achève sa carrière en 2017. Celle-ci finit en beauté puisqu’elle remporte la Ben Nevis Ultra et par la même occasion, bat le record.

  Mira, indéniablement devenue un modèle et une source d’inspiration chez les jeunes népalaises, profite de sa notoriété pour créer le programme Exchange and Empower. Il vise à offrir aux jeunes athlètes féminins une formation sportive et un accès à l’éducation et au travail. 

Mira Rai



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Marie Bochet
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