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Marie Dorin-Habert

Du sang froid dans ses veines (1986 - Aujourd'hui) - Ecrit par Marie Fournier et Rodolphe Quilici

Son parcours est une leçon de ténacité, de passion et dépassement de soi. Elle incarne la force d'une sportive capable de concilier une carrière à haut niveau, la maternité et l'engagement environnemental. Découvrez l’histoire de Marie Dorin-Habert !

Marie Dorin-Habert en tenue de l'équipe de france de biathlon

Née le 19 juin 1986 à Lyon, elle grandit au cœur des montagnes du Vercors. C’est dans ce décor qu’elle découvre à 13 ans le ski de fond, sa première passion. Très vite, l’adolescente se lance dans la compétition, montant de temps sur les podiums de courses locales. L'année 2000 marque un tournant décisif dans sa carrière. En intégrant le comité du Dauphiné, Marie s'initie pour la première fois au biathlon. Bourrue de travail, et aidée par sa pratique du ski nordique, Marie Dorin-Habert progresse très vite. En quelques mois d’entraînement, la biathlète maîtrise déjà son rythme cardiaque et sa concentration lors des tirs, des qualités essentielles qui lui permettront d'intégrer l'Équipe de France junior dès 2003.

En 2004, Marie brille pour la première fois sur la scène internationale en décrochant l’or mondial en relai chez les jeunes, un titre qu’elle conservera l’année suivante. Plus les années filent, plus la biathlète brille sur le circuit junior. Sa montée en puissance sur le circuit junior est remarquable, si bien que l'équipe de France décide de l'aligner pour sa première course en Coupe du Monde élite lors de la saison 2007-2008. Cette expérience la forge physiquement et mentalement. La saison suivante, la Française monte en niveau au point d’intégrer son premier top 10 avant de monter sur le podium sur l’avant dernière course. Cette année 2009 signe également sa première médaille de bronze avec l’équipe de France aux mondiaux lors du relai.

La saison 2009-2010 représente un moment charnière dans la carrière de Marie, entièrement axée sur sa préparation olympique. Ce choix stratégique s'avère payant ! Le 13 février 2010, aux Jeux Olympiques de Vancouver, la Française réalise un parcours sans faute au tir et remporte le bronze olympique sur le sprint.

Marie Dorin-Habert en train de tirer
"J’avais senti que j’avais progressé durant la saison de préparation et mon podium de l’année précédente à Khanthy-Mansiysk m’avait ouvert une porte. Mais j’ai tout de même bénéficié de meilleures conditions sur le sprint de cette olympiade et j’ai réussi à sortir en plus la course parfaite ce jour-là. D’où le bon résultat !"

Quelques jours après ce podium, Marie contribue à la deuxième place de la délégation française en relai.  Cette année charnière pose les fondations d’un avenir prometteur dans l’élite mondiale.

Cependant, le début saison 2010-2011 s’avère bien plus délicate pour la biathlète, qui doit attendre février pour retrouver son adresse au tir et le chemin du podium. Ce renouveau arrive au moment parfait, à quelques semaines des championnats du monde où elle monte sur le podium à deux reprises. Cette renaissance se confirme en 2012 ! Elle réalise neuf 

Marie Dorin-Habert avec ses skis et sa médaille

performances dans le Top 10 en 2012 avant les Championnats du monde. Lors des mondiaux, elle termine neuvième du sprint puis de la poursuite, et manque le podium sur l’individuel à seulement trois secondes. Elle remporte néanmoins une médaille d'argent en relais féminin et conclut cette saison au pied du podium du classement général de la Coupe du Monde.


Fin novembre 2013, c’est le drame pour Marie Dorin-Habert. Elle subit une grave entorse à la 

cheville gauche, avec rupture totale du ligament. Cette blessure survient au pire moment, à quelques mois des Jeux olympiques de Sotchi, et la contraint à un arrêt prolongé. L’incertitude plane sur sa capacité à revenir à temps. Son mental est mis à rude épreuve, mais elle entame  une rééducation exigeante, animée par l’envie de retrouver son meilleur niveau. Miracle : la biathlète revient sur les pistes deux semaines avant les Jeux Olympiques. Évidemment, elle ne peut pas performer à son niveau habituel, terminant au mieux sixième en relais et se voit même contrainte d’abandonner le relai féminin.

"Je n’attendais pas de résultats sur les courses. De plus, j’étais enceinte de ma première fille et j’ai passé les 15 jours au lit à dormir ! Mais c’était tout de même une belle expérience."

 En janvier 2015, après sa pause maternité, elle revient progressivement à la compétition. Ce repos forcé à permis Marie de se récupérer de la fatigue accumulée. Résultat : la biathlète surprend tout le monde aux championnats du monde en décrochant ses deux premiers titres mondiaux individuels, auxquels s'ajoute une médaille d'argent en relais. Ce renouveau se confirme puisque la saison 2015-2016, elle atteint son apogée. Sur la coupe du Monde, elle remporte trois courses et réalise de nombreux podiums. Au final, elle termine deuxième du classement général, de l'individuel, du sprint et de la mass start, ainsi qu'à la troisième place de la poursuite.

Marie Dorin-Habert qui tient son manteau d'hiver
"J’étais en forme physiquement et lorsque je mettais les balles, je savais que je pouvais jouer la victoire. Le sprint des Championnats du monde d’Oslo est probablement ma plus belle réussite. C’était un combat avant tout contre moi-même car je savais pouvoir remporter une médaille et j’ai réussi la course parfaite. Ça m’a libérée pour la suite des Championnats, où j’ai réalisé de très belles performances."


Marie annonce que 2018 sera sa dernière saison, avec les Jeux de PyeongChang en point d’orgue. Fidèle à sa maîtrise, elle y décroche l’or en relais mixte puis le bronze en relais féminin, devenant ainsi la biathlète française la plus décorée de l’histoire olympique. Elle dira de ce titre olympique à Interview sport :

"Je crois que cette médaille m’a marquée car j’ai eu beaucoup de difficultés cette saison-là et même me sélectionner sur cette course a été un long combat ! J’étais donc soulagée et très émue car je savais que j’arrêtais ma carrière à ce moment-là."

En mars, à Oslo, elle conclut sa carrière par une victoire en poursuite, un adieu magnifique au public.

Diplômée en biologie et écologie, Marie Dorin-Habert décide de s'investir entièrement dans la protection de l'environnement après sa carrière sportive. Elle a notamment créé un hôtel sportif éco-responsable dans le Vercors, appelé "Ze Camp", témoignant de son engagement pour un tourisme durable. En parallèle, elle travaille dans l'éducation à l'environnement au sein de différentes structures.

Marie Dorin-Habert prouve que les champions peuvent avoir plusieurs vies, et que l'excellence sportive peut être le tremplin vers d'autres formes d'engagement tout aussi enrichissantes pour la société.




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