Allier sport et thérapie, c’est le chemin que Hadda, ex-Paralympienne, a décidé d’emprunter, laissez-moi vous raconter comment.
Dès son enfance, Hadda est une enfant très en colère avec une immense quantité d’énergie. Elle est atteinte par la poliomyélite, une maladie infectieuse qui peut entraîner une paralysie des membres inférieurs. Elle est placée dès l'âge de deux ans en institution (établissement spécialisé), elle y reste durant dix-sept ans. Cette situation, elle le vit très mal, en grande partie à cause du manque d’attaches familiales. La découverte de la natation à 13 ans lui a permis, pour la première fois, de se sentir libre et surtout sans handicap. Son moyen de s’évader trouvé, Hadda ne le lâche pas d’une semelle. Elle poursuit consciencieusement ses entraînements.

Cependant, ce n’est qu’une fois sortie des institutions et après quelques emplois assez peu payés, que sa carrière sportive ne débute réellement. En effet, elle est repérée par le CREPS de Dinard en tant qu'éducatrice sportive, spécialisée dans le handisport. Elle y passe son Brevet d’Etat d’Educateur Sportif. Hadda devient alors spécialiste de la natation handisport. Sa discipline favorite devient alors, et de loin, le quatre nages. Hadda se l’explique par sa tendance à s’ennuyer très vite et cette spécialité lui permet de varier les plaisirs ! Cette opportunité lui a permis de bénéficier d’un meilleur entraînement, l’emmenant vers les compétitions de haut niveau : les championnats d’Europe (qu’elle remporte en 1995) puis les Jeux Paralympiques. Elle participe à deux reprises aux Jeux, Barcelone 92 et Atlanta 96, où elle décroche respectivement l’argent et le bronze.
L'édition espagnole restera gravée dans sa mémoire comme la meilleure pour elle. Ceci est dû en partie au fait que pour la première fois, les Paralympiques étaient organisés sur les mêmes lieux que les JO. Ainsi, elle a pu utiliser les infrastructures habituellement dédiées aux Olympiens et qui étaient, à l’époque, bien mieux équipées que celles des Paralympiens. Le rôle du public a aussi été déterminant. Les places d’accès aux compétitions étaient gratuites et le public a rapidement jouer le jeu, devenant un soutien lors des épreuves.
Après ces événements, Hadda décide d’arrêter les compétitions à haut niveau à cause du stresse et de l’angoisse, beaucoup trop présents à son goût. En 2010, elle crée sa propre structure de coaching sportif. Ce service lui permet de se rendre compte que "[son] handicap n’était plus un adversaire mais un partenaire". Elle se lance alors dans la formation d’un cabinet thérapeutique, où elle utilise le sport comme moyen de gestion des émotions.

Aujourd'hui, Hadda travaille principalement en milieu carcéral. Ses activités permettent aux détenus de ressentir la même sensation de liberté qu’elle avait perçue lors de ses premiers pas en natation. A travers le sport, elle aide ces derniers à supporter le quotidien :
"L’idée c’est de les aider à porter leur attention sur ce qu’il y a de possible".
Son envie de travailler dans ce milieu lui vient, aussi surprenant soit-il, d’un rêve d’enfant. En effet, passionnée par Al Capone, Hadda a toujours voulu travailler dans ce domaine, de plus, l’aspect "à part" de cet univers l'intrigue. Mais Hadda fournit également ses services auprès de personnes handicapées, dans l’optique qu’ils changent de regard sur eux-mêmes.
Si vous souhaitez la rencontrer, je vous invite à venir à l’exposition organisée par Les Sportives de Légende, le vendredi 24 janvier 2024 à la MJC de Brequigny, Rennes.