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Alana Nichols

Quand résilience se conjugue avec l’amour du sport (1983 - Aujourd'hui) - Ecrit par Simon Ménard

Rares sont les athlètes et para-athlètes à réussir à performer dans plusieurs sportives différentes. Encore plus rares sont celles et ceux qui arrivent à glaner des médailles aux Jeux d’été et aux Jeux d’hiver. Alana Nichols est de cette espèce, marquée par la résilience et une passion pour les sensations fortes.

Alana Nichols en tenue de ski

Native de New Mexico, Alana Nichols grandit sans son père, assassiné alors qu’elle est seulement âgée de neuf mois. Elle est alors élevée par ses grands-parents. Les hivers, elle les passe dans le Colorado. C’est là-bas qu’elle découvre le snowboard et la joie procurée par les descentes de pistes à toute vitesse. En l’an 2000, Nichols se lance pour tenter de réussir son premier “backflip”, salto-arrière, en snow. Du haut de ses dix-sept ans, elle se dit qu’elle a toute la vie devant elle, et de très nombreux projets à accomplir, comme en softball, rêvant d’intégrer l’équipe nationale de ce sport qu’elle pratique au lycée. Ce salto arrière, elle l’avait préparé tout l’été, s’entraînant avec son snow sur un

trampoline dans son jardin. Mais elle chute lourdement en ne contrôlant pas son saut, et son dos retombe avec fracas sur un rocher dissimulé sous la faible couche de neige. Alana Nichols se retrouve ainsi paralysée intégralement des membres inférieurs.

Pour relever la tête suite à son accident, Nichols décide de ne pas se détourner du sport, sa passion première. C’est ainsi qu’elle découvre le basket fauteuil, par hasard, en souhaitant prendre un raccourci passant par le gymnase de son lycée. Il ne lui faudra pas longtemps pour être initiée au haut niveau, et rejoindre l’équipe états-unienne. Le basket, elle l’avait déjà pratiqué pendant de nombreuses années. Ce qu’il lui restait à faire était de comprendre comment y jouer maintenant que ses jambes étaient bloquées dans un fauteuil. Ce fut comme une seconde naissance sportive, un éveil à sa nouvelle personnalité. Non retenue pour Athènes en 2004, elle patiente et s’entraîne durement pour la paralympiade suivante. En 2008, à Pékin, Alana Nichols remporte la médaille d’or dans sa discipline, au sein de l’équipe des USA.

Une performance remarquable aux Jeux d’été, huit ans après son grave accident. Mais son environnement sportif privilégié reste la montagne enneigée. D’autant plus que depuis son accident, Alana Nichols ne cesse de penser à ce sport auquel elle veut se confronter à nouveau. Il lui a pris ses jambes, mais pas sa volonté, qui n’en a été que décuplée. Elle découvre alors le ski assis, qu’elle décide de maîtriser à la perfection en quittant l’Alabama pour le Colorado de son enfance. Grâce à un travail acharné, Alana Nichols décroche sa participation aux Jeux olympiques d’hiver 

Alana Nichols en train de dribbler

de Vancouver 2010, soit seulement deux années après le titre des Etats-Uniennes en basket fauteuil à Pékin. Et sur quatre épreuves, Nichols repart avec quatre médailles. D’abord en bronze sur le super-combiné. Puis en argent, sur le super-G. Et enfin deux en or, en descente et en slalom géant. Une performance plus que remarquable, qui place l’Etats-Unienne dans le cercle très restreint des athlètes ayant remporté des titres aux Jeux d’été et d’hiver. Une autre médaille s’ajoute à son palmarès en 2014 à Sotchi, en descente. Mais, on commence à le comprendre, pour Alana Nichols deux sports paralympiques, ce n’est pas assez.

Alana Nichols en kayak

Alors qu’elle se reposait à Hawaï suite aux Paralympiades de Londres (Basket, 2012) et Sotchi (Ski, 2014), Alana est introduite au para-canoë. C’est alors que nait dans sa tête l’objectif de devenir la première femme à concourir aux Jeux dans trois disciplines différentes. Sans véritable prédisposition ou connaissance accrue dans le domaine, Nichols s’entraîne avec acharnement, et finit par se qualifier pour les jeux de Rio 2016 en para-kayak. La septième place qu’elle obtient au final n'est

qu’anecdotique : encore une fois, elle s’est donnée un objectif, et elle l’a atteint. En seulement deux ans, elle est passée de novice dans cette nouvelle discipline à athlète paralympique.

Toutes ces épreuves couronnées de succès n’ont pu l’être que par le mental à toute épreuve que s’est forgée Alana Nichols. Elle en parle en ces termes : 

"Ne me dit pas que c’est impossible car je le ferais."

Au-delà de la performance physique, c’est le fait de définir des objectifs à atteindre qui l’animent. La fin de sa carrière professionnelle n’a pas signé la fin de sa pratique du sport. Nouvelle discipline : le surf adapté, qui devient sa nouvelle obsession. 

Elle se mue même en ambassadrice de cette discipline. Passion qu’elle conjugue avec son rôle de mère, un autre des objectifs qui lui tenaient à cœur d’accomplir, et ses activités d’avocate diplômée. Quand on lui pose des questions sur son accident, elle répond qu’elle a toujours aimé prendre des risques : 

Alana Nichols qui fait du surf assis
"C’est la raison pour laquelle je me suis retrouvée dans mon fauteuil, mais cela m’a énormément servi en tant qu’athlète."

Elle publie même sur Instagram un message : 

"Merci pour ce corps paralysé, et toutes les façons dont-il peut bouger."

Sa manière de prouver que rien n’est impossible, et d’inspirer les nouvelles générations.


Car Alana Nichols s’est également donnée pour mission d’informer sur le handicap, et de tout faire pour que les jeunes filles qui se retrouvent dans sa situation voient qu’il est possible de s’en sortir, et de pratiquer du sport comme n’importe qui. C’est ainsi qu’elle a collaboré avec la célèbre marque Barbie, qui a créé une poupée à son effigie, casque sur la tête et harnachée dans un ski assis. Alana Nichols est pareillement très présente auprès de la Women’s Sports Foundation Du haut de ses cinq titres paralympiques et de tout son travail sur l’acceptation du handicap, elle en devient même la présidente, étant investie dans ce rôle en janvier 2020. Aider les autres est ainsi devenu son nouvel et plus important objectif :

"Je veux qu’une jeune fille qui a perdu sa jambe dans un accident d’escalade voit qu’elle peut quand même retourner à la fac et obtenir son diplôme de master, mais aussi qu’elle peut participer aux Jeux paralympiques et remporter des médailles d’or. Croit en des objectifs plus grands que ce que tu espérais, et ne laisse pas l’ignorance de la société envers les personnes handicapées te définir. Rêve grand."   




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